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Algérie: le rédacteur en chef du groupe Ennahar brièvement arrêté

Un journaliste et rédacteur en chef du groupe Ennahar, plus important groupe privé algérien de médias, a été brièvement arrêté ce mardi à Alger "par les services de renseignements", avant d'être relâché "sur ordre du procureur", a annoncé Ennahar.

Une source sécuritaire ayant requis l'anonymat a confirmé à l'AFP l'arrestation du journaliste, en raison d'un article publié la veille par le site d'information du groupe, ALG24, critiquant le patron de la Direction des Services sécuritaires (DSS), le général Athmane Tartag, alias "Bachir".

Ennahar TV, la chaîne du groupe, a diffusé durant une partie de la matinée des images de l'arrestation, filmée par une caméra de surveillance, de Saïd Djerbal, journaliste à ALG24.

"Les services avaient menacé hier (lundi) de l’arrêter (à) cause d’un article" ayant "dérangé le patron des renseignements qui a demandé la suppression de l'article", selon les bandeaux diffusés en matinée par Ennahar TV.

Saïd Djerbal "a quitté les locaux des renseignements sur ordre judiciaire", a finalement annoncé la chaîne, environ deux heures après son interpellation. Elle a précisé que le procureur était intervenu en ordonnant "la libération du journaliste conformément à la loi".

Saïd Djerbal "est un des meilleurs journalistes" d'Ennahar et "est rédacteur en chef", avait souligné Ennahar TV après son arrestation, en assurant qu'il "glorifie le président de la République (Abdelaziz Bouteflika) dans ses articles".

Le PDG d'Ennahar, Anis Rahmani, a "remercié" sur Twitter les "hautes autorités qui ont mis fin à cette injustice et pris les dispositions légales nécessaires".

"Je suis triste face aux menaces subies. J’aurais aimé ne pas voir ces horribles choses en Algérie. Ma confiance envers le président Bouteflika est grande", a-t-il tweeté.

L'Algérie figure à la 136e sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par Reporters sans frontières (RSF), selon qui "la liberté de l’information (...) demeure fortement menacée" dans le pays.

Un blogueur algérien a été condamné en mai à 10 ans de prison ferme pour "intelligence avec une puissance étrangère" après avoir publié un entretien avec un diplomate israélien.

Un fixeur et collaborateur de médias étrangers, accusé d'avoir livré des documents confidentiels à des diplomates étrangers, a été arrêté en juin 2017 et attend en prison son procès pour le même chef, passible de la perpétuité.